
LETTRE
OUVERTE AUX INFIRMIERS
Toulon,
le 28 octobre 2014
Nous avons malheureusement
tendance, dans nos sociétés modernes à favoriser le numérique sur l'humain.
Peut être est-ce là le signe que nous avons atteint notre seuil d'incompétence.
La CPAM, qui a, à notre
égard, le devoir de lutter contre les fraudes s’arc-boute sur l'utilisation de
son logiciel pensant trouver dans une activité « atypique » la preuve irréfutable
d'une fraude.
Travailler plus et mieux
que la moyenne de ses confrères n'est pas une preuve en soi de malversation.
C'est peut être la démonstration que certains professionnels sont meilleurs que
d'autres. La caisse n'a certainement pas vu le problème sous cet angle.
Aujourd'hui nous nous
retrouvons dans une logique d'affrontement entre la caisse et les professionnels
de santé. C'est une guerre violente et malsaine qui crée une ambiance délétère
pour les professionnels de santé. Ils ne sont plus des interlocuteurs et des partenaires
mais des
fraudeurs en puissance qu'il faut débusquer entre les lignes de saisie
informatique.
Des fraudeurs, il en
existe, mais ils ne forment pas une majorité, loin de là. Il y a des fraudeurs dans
toutes les couches de la société et dans toutes les professions. Le gouffre
abyssal du trou de la sécurité sociale n'a pas pour seule raison, loin de là,
les fraudes commises par certains professionnels.
Avec une telle attitude
les professionnels de santé se retrouvent être mis au ban de la société car
considérés comme des fraudeurs. Ils travaillent dans l'insécurité permanente.
Alors qu'officiellement le gouvernement veut lutter contre l'insécurité au
travail, le stress... de part la politique menée par les caisses, les
professionnels de santé se retrouvent de facto jetés à la vindicte populaire
dans l'insécurité permanente.
Comment travailler
sereinement en devant faire application de la NGAP qui est tout aussi incompréhensible
qu'imprécise donnant tout loisir à la caisse d'interpréter les textes selon son
bon vouloir.
Si le professionnel a
l'obligation de coter ses actes et de réaliser ses interventions pour minimiser
le montant des remboursements, pour autant, l'intérêt du patient doit passer avant
toute considération d'ordre comptable. Pour cela il faudrait que la caisse
finisse par comprendre que le professionnel est un allié et non un ennemi, que
le seul but à rechercher, est d'apporter à tout un chacun la meilleure qualité
de soins. Les efforts ne sont demandés que dans un seul sens. La cotation des
actes en est un exemple, les efforts ont été consentis par la profession et la
caisse essaye par tous moyens de reprendre d'une main ce qu'elle n'a pas donné.
Les procédures qu'elle engage sont inquisitoires
et malveillantes. Pourquoi alors qu'elle opère des régularisations ponctuelles,
portant sur de faibles sommes, elle enclenche pour certains, des rappels
portant sur plus d'une année et sur des sommes très lourdes au risque de
détruire économiquement l'infirmier et le privant ainsi de véritable moyen de
preuves.
Comment se rappeler plusieurs mois plus tard …
La caisse qui a le libre
choix des moyens de poursuites : indu, pénalités financières, conseil de discipline,
poursuites pénales, ne se prive pas dans certains cas de tous les utiliser, en
faisant feu de tout bois.
Heureusement nos
juridictions semblent prendre conscience de l'ampleur du problème et peu à peu
la jurisprudence vient infléchir cette situation.
– interdiction
pour la caisse de revenir sur des ententes préalables sauf cas de fraude
– obligation
pour la caisse de notifier au préalable au professionnel les règles à appliquer
– rejet
des demandes d’indu prévisionnel...
– responsabilité
de la caisse en cas de contrôle tardif
– ...
L'arrêt rendu par la cour
d'appel d'Aix en Provence 5° chambre des appels correctionnels 16/09/2014
rappelle que la preuve doit être rapportée par la caisse et dans ses motifs stipule :
« Sur la culpabilité
La cour note à titre
préliminaire qu'aucune autre investigation que celles faites par la partie civile
n'a été réalisée avant l'engagement des poursuites à l'encontre de la prévenue.
Ainsi, en ce qui concerne le chef essentiel de fraude allégué par la CPAM, la
cour constate que celle-ci a considéré comme fictifs les actes dont la
réalisation entraînait selon elle une durée de travail journalière excessive.
La poursuite n'est ainsi fondée que sur une étude statistique, tout acte au
delà de 17 heures de travail étant présumé inexistant et constitutif d'une escroquerie.
En conséquence de quoi, aucun assuré social n'a été entendu, et aucune enquête
n'a été menée pour déterminer précisément quels actes facturés par Mme SOUDRY seraient
fictifs.
La cour estime que de
simples éléments statistiques, non corroborés par le constat des faits matériels,
sont insuffisants pour entrer en voie de condamnation. En effet, la procédure n'établit
pas que Mme SOUDRY s'est faite rémunérer pour des soins qu'elle n'a pas
prodigués mais se borne à souligner qu'il n'est pas possible qu'elle ait
réalisé autant d'actes tout en respectant les normes de temps de la
"nomenclature générale des actes professionnels". Il n'est donc pas
exclu que Mme SOUDRY ait bien effectué l'ensemble des tâches dont elle a sollicité
le paiement sans respecter le temps habituellement prévu pour les réaliser correctement,
ce qui n'est pas déontologiquement recommandable, mais n'est pas constitutif
d'une escroquerie. Cette incertitude est source d'un doute qui doit bénéficier
à la prévenue, qui sera relaxée de ce chef.
S'agissant des majorations
de nuits pour des soins d'hygiène, il est reproché à Mme SOUDRY de les avoir
facturées alors que les médecins ordonnateurs n'avaient pas prescrit des interventions
nocturnes. Toutefois, les médecins interrogés par la CPAM sur ce point n'ont pas
été aussi affirmatifs que le soutient la plaignante. Ainsi le docteur xxxxx,
interrogé par l'enquêteur de la partie civile sur le cas de la patiente
xxxxxxx, a répondu à ses sollicitations en indiquant "comme suite à notre
entretien téléphonique, les actes postérieurs à cette date ne seront plus
comptés en nuit même si effectivement l'infirmière passe souvent après 20 heures
pour la changer pour la nuit et éviter les escarres chez cette patiente
grabataire". Le docteur xxxxxxx s'est borné, s'agissant de la patiente
xxxxxxx, à indiquer à la CPAM "qu'à son souvenir, elle n'avait jamais
bénéficié de soins après 20 heures". Seul le docteur xxxxxxx, concernant
les patients BRUYERE, a déclaré que les soins "n'avaient pas de nécessité
à être effectués après 20 heures".
La cour constate de
nouveau qu'aucun de ces trois patients ni aucun de leurs proches n'a été entendu
pour déterminer l'heure habituelle de passage de Mme SOUDRY à leur domicile. La
prévenue dit avoir prodigué les toilettes tardivement pour que les patients
soient couchés le plus tard possible et éviter la survenue d'escarres, ce qui
apparaît sensé. Il n'est donc pas établi que Mme SOUDRY ait sciemment trompé la
CPAM en facturant des majorations de nuit pour des actes réalisés avant 20
heures. Le fait d'effectuer des soins après cette limite horaire, bien que la
prescription ne l'ait pas prévue, n'est pas constitutif du délit d'escroquerie
faute d'élément intentionnel. »
Mme SOUDRY qui avait été
condamnée à 6 mois de prison avec sursis et à 45.000 € en première instance,
est morte des suites d'une longue maladie quelques jours avant la décision de
la cour qui a prononcé sa relaxe pure et simple.
Que de gâchis.
Me Pierre DANJARD.
Eh,oui,entre autres la CPAM ne tiens pas en compte le temps qu'on passe en courant derrière le médecin pour se faire la prescription,et encore il faut que soit écrit correctement... ou cas ou le contrôle arrive un jour et te foutre tout ton travail a la merde.
RépondreSupprimerEt puis ,ou est l'ONI en tout ca?